Damien Hirst

Where the Land Meets the Sea

Damien Hirst est un phénomène mondialement connu pour faire d'énormes vagues. Dans sa nouvelle série "Where the Land Meets the Sea", elles se brisent littéralement sous l'effet du vent violent qui souffle sur le littoral britannique : La série est une collection de peintures abstraites, chacune capturant de manière unique la nature sauvage de l'océan Atlantique et l'essence de la vie côtière, un sentiment que l'artiste porte en lui depuis les promenades sur la plage de son enfance. Le processus de création, aussi magistral que les œuvres elles-mêmes, les charge d'une énergie vibrante qui se libère à chaque regard. Tout a commencé avec des toiles qui traînaient sur le sol de l'atelier de Hirst alors qu'il créait sa série "Cherry Blossom", acclamée dans le monde entier. Le dévouement incomparable qui a fait la réputation de cet artiste exceptionnel a littéralement fait tache d'huile : Les éclaboussures de peinture qui se sont répandues sur les toiles environnantes au cours de ce processus passionné ont servi de base à son dernier chef-d'œuvre. Le fond gris de la toile, qui rappelle à l'artiste britannique le ciel au-dessus d'une mer agitée, est soit contrasté par des couleurs éclatantes, soit intensifié par des tons noirs et blancs saisissants. Inspiré par les tableaux expressionnistes de Robert Motherwell intitulés "Beside the Sea", Hirst s'engage dans une peinture d'action entre photoréalisme et abstraction, ce qui donne des œuvres dynamiques à couper le souffle contenant des traces de la biographie de l'artiste, de la passion pure et de la puissance de l'Atlantique. 

The Empresses

Incarnation de beauté et de fugacité s’il en est, le papillon est aussi un thème récurrent de l’Œuvre de Damien Hirst. Dans sa toute dernière série en cinq pièces, l’ancien maître des Young British Artists explore un topos qui remet en question notre connaissance de l’histoire occidentale. Ces œuvres sérigraphiées recouvertes d’un fin lustre portent toutes le nom de souveraines d’origine perso-indienne, byzantine, chinoise, japonaise ou éthiopienne. Dans cette œuvre scintillante, subtile mosaïque composée d’innombrables ailes de papillons, Damien Hirst rend hommage à ces reines, certes exceptionnelles mais largement méconnues du grand public : Nur Jahan, Theodora, Wu Zetian, Suiko, Taytu Betul. La forme et l’apparence de ce motif hors du commun font elles-mêmes référence à certains détails historiques et biographiques de ces régentes. Afin d’apprécier les images dans toute leur profondeur et leur signification, nous nous sommes invités, nous spectateurs, à examiner de plus près la vie et la postérité de ces femmes remarquables. Where the land The Virtues

Membre fondateur du mouvement des Young British Artists, Damien Hirst prouve que l’on peut se réinventer tout en restant fidèle à soi-même. Avec ses cerisiers en fleur grand format, il exauce un vieux rêve de sa mère. C’est elle, en effet, qui l’a supplié de peindre des fleurs alors qu’il faisait tremper un requin-tigre dans du formol. C’était il y a trois ans. Depuis, Damien Hirst n’a cessé de peindre, en solitaire, de manière un peu excessive il faut dire. Il a appliqué d’immenses quantités de peinture sur des toiles disposées en parallèle dans son atelier londonien. Il a peint, barbouillé, projeté, s’est approché des toiles avec ivresse, s’en est éloigné en les examinant jusqu’à ce que son acte corresponde enfin à sa vision. Les œuvres ont été exposées à la Fondation Cartier ainsi qu’au National Art Center de Tokyo. Quiconque connaît un peu Damien Hirst sait que, pour lui, la fleur de cerisier ne symbolise pas seulement la beauté, mais l’éphémère également. Ainsi est-il resté fidèle à son thème le plus cher.


À propos de l’artiste

Au début, il y eut le point. Rond, ni trop gros, ni trop petit, discret et coloré. Un point, simple mais joli. Il brillait sur le mur d'un grand magasin de Londres reconverti en salle d'exposition. Autour de lui s’additionnaient d’autres points. Chacun d’eux était directement peint sur la toile à intervalle régulier. Apparut alors un quadrillage rectangulaire de points multicolores. Pour prouver combien ce type de quadrillage par points colorés pouvait être varié, Damien Hirst en peignit un second immédiatement à côté. Il les appela Edge et Row.
Aussi léger et flottant que paraisse le résultat, le sujet ne l'occupait pas moins depuis longtemps. Comment une couleur si concentrée, si directe mais néanmoins chargée de sens peut-elle se changer en art et devenir langage visuel ?
Edge et Row ont été à la fois le commencement et l'aboutissement, depuis 1988, d’un schéma de couleurs articulées, sans cesse renouvelé.
Ainsi certaines de ses toiles par points rappellent-elles des produits de l’industrie pharmaceutique. La douceur des tons pastels, l’ordonnance régulière des pilules de couleur peintes, suggèrent une zone sans douleur. Hirst a intitulé la série entière d’après les principes actifs, ô combien effectifs, de toute cette pharmacopée. Des noms qui, mis les uns à côté des autres et lus tout haut, sonneraient tels des poèmes de poésie concrète : Mepromate Lepidine Histidyl - Abalone Acetone Powder.
La transposition du sens, ou plutôt la transformation médiale du contenu, fait intrinsèquement partie de l’œuvre. On se souvient seulement du requin-tigre en personne, le tueur silencieux des eaux profondes, que Hirst avait plongé dans le formol en 1991 et qui, sur un énorme caisson bleu, regardait le spectateur la mâchoire grande ouverte, les dents aiguisées comme des couteaux. Damien Hirst donna pour titre à l’œuvre menaçante L’impossibilité physique de la mort dans l’imagination d’un vivant.
Comme nul autre, Damien Hirst a toujours réussi à plonger le marché mondial de l’art dans l’hystérie. En 2007, il a fabriqué un crâne d’homme fait de platine, incrusté de 8 601 pierres précieuses pures dont un diamant de 52 carats placé là en guise de diadème. Le crâne fut acheté pour 100 millions de dollars par un groupe d’acheteurs. Mais que penser en apprenant que l’artiste faisait lui-même partie des acquéreurs, comme on l’apprit rapidement ?
Son art a, dans le meilleur sens du terme, toujours quelque chose d’ambivalent. La signification de ses œuvres gravite continuellement autour d’un point central : « Je suis obsédé par la mort... Mais je pense que cela relève plus d'une célébration de la vie que de quelque chose de morbide ». Qu’il plonge des animaux dans le formol, crée des images kaléidoscopiques de papillons ou recouvre des radios crâniennes d'un ravissant mélange de couleurs, la mort va chez lui toujours de pair avec la vie.

Stephan Reisner

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