Oliver Kröning & Dennis Orel

„EL ARENAL“

Le duo de photographes formé par Oliver Kröning et Dennis Orel a obtenu en 2009 le Canon ProfiFoto Award pour leur premier projet commun d’envergure : « El Arenal ». Leur angle de vue ouvert donne sur la plage majorquine du même nom, une des plus prisées des vacanciers allemands. Mais cette vue aérienne inhabituelle, associée à une gamme de couleurs retouchées, nous montre cette localité sous un jour totalement nouveau, battant en brèche les clichés en vigueur. En choisissant de travailler à un tel endroit, les deux photographes se heurtent à un défi logistique. Doté d’une capacité d’accueil de 50000 lits d’hôtel, de 50 discothèques et de gigantesques bars de plage, El Arenal est une plaque tournante majeure du tourisme en Espagne.  La position de l’objectif n’en est que plus importante : au lieu de se faufiler parmi les agglomérats humains, elle semble littéralement suspendue au-dessus d’eux.

Les attitudes et les souhaits des touristes sont ici résumés. Qu’il y a-t-il de mieux qu’un bain de soleil sur la plage, que la vue sur la mer et les palmiers, que la proximité immédiate d’un bar de plage ? Ce n’est pourtant pas le point de vue du vacancier qui détermine la teneur de l’image, mais bien le recul du regard en altitude adopté par Kröning et Orel. Toute leur attention est concentrée sur ces corps exposés, la mer étant elle-même absente du champ de l’image. Les silhouettes humaines étendues sur leurs serviettes de plage multicolores dessinent ainsi un motif sans relief  étonnamment composé.

Cette série de photos révèle à la fois les similarités et les différences des individus rassemblés. Des couples et des groupes peuplent de façon plus ou moins dense la plage, gravitant souvent autour de la rotondité des parasols dispersés. Les photographes renforcent la luminosité aveuglante du soleil à l’aide d’un éclairage numérique raffiné afin de faire de la plage une toile de fond rayonnante. Elaborés avec une grande précision technique, leurs montages panoramiques sont composés d’une multiplicité d’images qui, prises individuellement, ne reflètent pas la perspective générale de l’ensemble. Ils nous invitent ce faisant à jeter un regard nouveau sur la curieuse banalité d’une scène de plage en deux dimensions.

Christina Wendenburg

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