Jonas Daley

De prime abord, les motifs et les teintes nous font penser à une toile de Magritte. Mais, en y regardant de plus près, on découvre une prise de vue légèrement retouchée. Lorsqu’il prend des photos puis en altère les couleurs, le photographe chinois Jonas Daley aime s’inspirer de l’effet produit par un objectif infrarouge. Chez lui, la teinte naturelle du sable se pare de tons rose, tandis que le ciel conserve son bleu pâle habituel.

Très efficace, le procédé élève immédiatement le paysage aride dans un onirique royaume céleste. Si tous les détails du décor sont capturés avec une rare précision photographique, la composition, elle, est réduite au strict essentiel : dunes, buissons, nuages, ciel, lune. Grâce à cette volontaire réduction, au magnifique éclairage ainsi qu’au traitement des couleurs réalisé en post-production, les clichés ressortent comme s’ils avaient été peints sur toile à l’aide de pinceaux et d’une palette de couleurs impressionnistes. Ce faisant, ils n’en demeurent pas moins de véritables photographies.

Pour l’artiste Jonas Daley, le rose est synonyme de douceur, de tendresse et d’innocence, mais aussi de romance, de noblesse et d’élégance – bref, une couleur emplie de nostalgie dont il est difficile de se passer. Grand sportif emportant partout son appareil photo, cet artiste est toujours à l’affût de sensations de l’extrême, que ce soit dans la nature ou dans des contrées difficilement accessibles. Fantastiques, ses clichés du désert sont des études méditatives parfaitement composées de paysages sableux d’une étonnante variété. Presque pourrait-on les confondre avec des instantanés venus d’une planète lointaine, d’une galaxie parallèle inexplorée.

Stephan Reisner