Andreas Paul

PASSAGES URBAINS

Madrid, Chicago, Dubaï ou Zurich sont les lieux qui correspondent le mieux au concept photographique d’Andreas Paul. Il s’agit pour lui de capturer, au fil de ses déambulations urbaines, des moments suspendus dans le temps. Pour ce faire, il choisit un point de vue lui permettant de suivre à hauteur d’yeux les passants affairés et de retranscrire les détails d’une scène de rue qu’il assemble ensuite en un puzzle d’images juxtaposées. Il tente d’approcher une foule à première vue anonyme en extrayant des détails individuels ; il devient ainsi le témoin de leurs habitudes, de leurs courses à vélo, de leurs promenades en poussette, de leurs achats encombrants, de toute cette matière première à partir de laquelle il construit un kaléidoscope urbain.

Pour chaque ville, cette série présente un assemblage condensé de saynètes qui se distinguent par la démarche leurs habitants respectifs. L’originalité de la texture est apportée par la répétition, l’agencement et la combinaison de ces prises de vue isolées qui ressemblent à première vue à des instantanés. La valse des êtres changeants qui défilent confère une dimension rythmique et chorégraphique à la juxtaposition des images qui forment l’ensemble. Une rangée animée par le passage de passants allant de droite à gauche alterne avec une autre rangée de passants avançant dans la direction opposée. Et ainsi de suite. Si, pour chaque rangée, le point de vue reste le même, la multiplicité des silhouettes qui passent devant l’objectif est à l’origine du mouvement d’ensemble. Leur vitesse et leur dynamisme imprègne et anime le lieu qui sert de canevas.

Andreas Paul se fait ainsi le narrateur d’histoires émouvantes dont la trame n’est autre que le quotidien d’une ville dont la diversité est recousue en une sorte de réseau visuel quadrillé. Ses photographies sont le témoignage d’un observateur apparemment neutre et désintéressé qui nous incite à suivre son regard et à le suivre dans ses excursions urbaines. Il condense ainsi avec brio ces instants particulièrement inspirants dans une présentation chronologique pour en faire un récit proprement cinématographique.

Christina Wendenburg