Hervé Leblan

Les territoires du fantastique engendrent leurs propres lois esthétiques. On y trouve des liens directs entre l’imaginaire et les mondes de l’émerveillement enfantin. L’animation numérique 3D a joué un rôle essentiel dans l’émergence de ces mondes, surtout au cinéma. Le Français Hervé Leblan connaît et maîtrise ces outils depuis les débuts de la technologie. Sa participation à de grandes productions cinématographiques telles que La Légende de Despereaux  (2008) avec Emma Watson et Dustin Hoffman se lit comme le parcours d’un spécialiste maîtrisant parfaitement les arcanes d’une imagerie toujours plus précise et complexe.  

Ses univers visuels ont pour domaines de prédilection les sentiers à perte de vue, les décors romantiques, les regards au loin à travers les vertes abysses d’une iconographie numériquement remaniée. Motif romantique s’il en est, ce moine ou guerrier solitaire venu, tout du moins le suppose-t-on, d’Extrême-Orient, assis sur un rocher surplombant ces gorges richement détaillées, n’est pas sans rappeler l’œuvre de Caspar David Friedrich.

Le décor s’élèvera encore plus haut dans le fantastique, lorsque ces arbres aux branches gigantesques serviront de passerelles vers des destinations lumineuses, des royaumes intermédiaires, accompagnés puis accueillis dans l’au-delà par une foule d’oiseaux fantastiques qui croiseront le chemin de ces randonneurs silencieux. Sans l’œil sensible et réceptif de l’Homme, ce genre artistique et l’univers qui lui est associé ne sont après tout que des monades qui rêvent en silence, et ce, quelle que soit la voie empruntée par la génération d’images numériques.

Stephan Reisner