Lutz Hilgers

Dans le travail du photographe de Düsseldorf Lutz Hilgers, New York ressemble à un décor bien éclairé. Sous un ciel d’un noir profond où se dressent des montages d’immeubles vides, les formes abstraites de l’architecture aux contours bien marqués suivent les lignes de fuite volontaires de l’appareil photo. Pourtant tout apparaît bizarrement irréel. S’agit-il d’une photographie, d’un photomontage ou même d’une image digitale produite par ordinateur ? La lumière fantomatique et étincelante est-elle réelle, les ombres irréelles des immeubles sont-elles les seuls témoins de ces paysages urbains ou font-elles partie d’une mise en scène raffinée, d’une illusion parfaitement agencée ?

Avec une balance bien équilibrée entre réalisme et abstraction, les photos parfaitement composées de New York de la nouvelle série « Darklight » de Lutz Hilgers ont l’air mystérieuses et dégagent par là une grande force d’attraction. Dans ses photos, Hilgers cherche la distanciation de ce que l’on connaît. L’élément décisif est ici la lumière. Ce qui l’intéresse par là est l’atmosphère particulière que la lune produit ou plus précisément la lumière qui règne sur la lune. Le noir profond du ciel n’est possible, dans cette intensité, que depuis l’orbite, ce qui crée pour l’œil une atmosphère irréelle et en même temps familière.

Hilgers réussit de cette manière à montrer la ville photographiée de nombreuses fois sous un nouvel angle, et en d’autres termes à traduire une réalité connue à travers une sensation subjective transformée dans le domaine de l’imagination en photographie d’art. Les interventions digitales permettent à Hilgers d’augmenter encore plus les impressions que la réalité produit dans son imagination. Parfois apparaît comme dans la série « Darklight » un réalisme exacerbé qui va si loin que la réalité disparaît complètement derrière l’artifice.

Stephan Reisner

Expositions à London (UK), Berlin, Hamburg et Düsseldorf (Allemagne)